« Si les temps de crise que nous traversons font apparaître une certitude, c’est bien que la confiance constitue une valeur essentielle de la gouvernance de l’entreprise. Dire qu’elle est nécessaire aux relations humaines est un fait psychologique et sociologique incontestable : le moindre partage de tâches ou de projets repose sur elle ; et sans elle il serait difficile de travailler les uns avec les autres. Cela relève du bon sens ! La confiance est le fondement de notre capacité à faire face aux difficultés, à les surmonter, à entreprendre ensemble un avenir répondant à la fois aux besoins des salariés, aux attentes des actionnaires et aux exigences du business.

Un constat : la morosité ambiante

Il est clair que la situation actuelle tend à semer le doute à plusieurs niveaux de l’entreprise et de la société. L’Europe peine à se forger une voix politique crédible ; les marchés financiers sont très volatiles ; les contraintes économiques sont plus drastiques ; la compétition accrue ; les conditions de travail s’en ressentent pour tous et induisent un contexte social tendu ; la défiance envers les élites s’est généralisée… Et il ne manque pas de Cassandre pour susurrer à nos oreilles ainsi formatées que le pire est probable ! Halte là ! Sans nier les difficultés, il s’agit de restaurer la confiance et de l’incarner jusqu’au plus haut niveau. A partir du plus haut niveau plus exactement!

Une conviction : l’entreprise exemplaire

En effet, ma conviction est que, plus que jamais, l’entreprise doit se montrer exemplaire et développer durablement une dynamique positive entre toutes ses parties prenantes. C’est aujourd’hui un souci concret et crucial pour un Comité Exécutif. L’objet de tous ses soins. S’il est vrai que les entreprises constituent le tissu organique de la société, alors elles ont la responsabilité d’instaurer d’abord en leur sein les conditions et la réalisation d’une confiance vitale. Dans cette entreprise, le Comité Exécutif représente finalement la “cellule souche”, permettant la stabilité, la reconstitution et le développement des organes et des flux assurant un élan et une croissance propre !

La confiance : un enjeu d’avenir

Encore faut-il définir cette fameuse confiance et les conditions qui permettent de l’établir aujourd’hui. Elles reposent à mes yeux sur l’établissement et le respect de règles claires et partagées. Inutile, en la matière, de refaire le monde : il s’agit de dire ce que l’on fait et de faire ce que l’on dit. Sur la base d’un diagnostic stratégique partagé par les membres du comité exécutif, le Président assume un leadership engagé et relayé par chacun. Ce qui entraîne – et la tâche est toujours ardue – de construire des politiques financières et humaines cohérentes, des plans d’actions alignés sur la stratégie choisie. Les mesures adoptées et les corrections éventuelles appliquées doivent être communiquées dans le bon timing pour ne pas porter atteinte à la dynamique engagée. Les écarts qui peuvent survenir entre les objectifs et les résultats (en matière de production, de commerce, de finances ou de ressources humaines) ne sont générateurs de défiance que s’ils sont ignorés ou négligés. Enlevons nos œillères et sortons de nos prés carrés. La confiance se construit et se fortifie par l’analyse et le diagnostic partagés, par l’appropriation des mesures correctives par les membres du Comité exécutif. Nous devons donner l’exemple, car si la tête est troublée, c’est tout le corps qui est mal à l’aise !

Le Comité Exécutif : le cœur de la confiance

Dans cette logique organique, chaque membre du comité de direction a en effet un rôle à jouer dans la propagation de la confiance au reste de l’entreprise et à toutes ses « parties prenantes ». Pour poursuivre l’image du “vivant”, c’est chaque membre du comité exécutif qui a la charge, à sa manière et dans son registre de responsabilité, de transmettre l’« ADN » de l’entreprise aux différents composants du corps social qui la constituent :

  • Le président a un double rôle : outre son leadership dans la définition de la stratégie de l’entreprise et la détermination de son modèle managérial, il en est le premier pédagogue, ou l’ambassadeur – véritable « passeur d’ADN » – auprès de tous les constituants fondamentaux du corps social de l’entreprise, et de son appropriation par les actionnaires.
  • Le Directeur des Opérations, en charge de la production, décline la mise en œuvre de la stratégie en tenant compte de l’infrastructure de l’entreprise, de ses fournisseurs et de ses sous-traitants, en vue du service du client ; le client qui demeure le véritable donneur d’ordre de notre activité : il faut constamment en reprendre  conscience !
  • Le Directeur Commercial contribue justement pour sa part au développement de cette confiance auprès de nos clients et prospects. Elle se matérialise par l’attention qu’il porte à leurs besoins et attentes et aux actions qu’il mène pour contribuer à leur satisfaction et à la résolution des problèmes qui peuvent survenir ! Il est l’interface vitale de développement entre l’activité de l’entreprise et son écosystème externe.
  • Le Directeur Financier est le « pouls » de l’entreprise : c’est lui qui s’assure de la véracité des indicateurs financiers ; il est le garant de la confiance auprès des sources de financement à court et moyen terme. Là encore, il s’avère que le respect des engagements de l’entreprise vis à vis de ces acteurs est le premier socle de la confiance.
  • Le Directeur des Ressources Humaines développe, diffuse, diffracte la confiance dans trois directions : en premier lieu vers les salariés de l’entreprise, au travers de politique de rémunérations et de reconnaissance, de développement des compétences, de gestion de carrière, par une approche client des collaborateurs ; vis-à-vis de l’Administration, par le respect de la conformité à un environnement légal de plus en plus complexe ; et enfin par le développement d’une image employeur auprès des talents dont l’entreprise a besoin aujourd’hui et demain.

Ainsi, s’il est patent que le contexte économique et social actuel met à l’épreuve les entreprises quant à leur capacité de résistance – voire de résilience –, le Comité Exécutif, par son rôle vital au cœur du corps social qu’est l’entreprise, est en première ligne pour en assurer la nutrition, la croissance et le développement. La confiance trouve là un de ses fondements les plus déterminants.

Le management : la confiance en cascade

Mais il y a aussi dans la confiance une réalité mentale et morale qui dépend de tous et de chacun. Le Comité Exécutif, pour en être le moteur organique, ne peut néanmoins suffire à lui seul à donner un avenir concret à la confiance ! Nous devons établir une transmission qui communique l’élan vital à toutes les forces opérationnelles et créatrices de l’entreprise. Des relais qui, comme l’ARN dans un organisme, portent le “code” de confiance dans les moindres recoins du corps, des muscles, des tissus, des cellules, des composants de l’entreprise. Et là, c’est toute la chaine managériale qui est concernée et qui doit être responsabilisée ! De proche en proche, il s’agit pour le Comité Exécutif de susciter et de créer les conditions d’une confiance “en cascade”. Ce sont alors tous ses membres qui peuvent épauler le Président dans son rôle de pédagogue et d’ambassadeur, relayés à leurs tours par toutes les Directions, jusque dans les équipes. Par exemple, chez ADP, nous avons mis en place des vidéos illustrées de données clés, pour que les salariés concernés comprennent bien, puissent poser des questions et participer plus activement, selon leurs fonctions respectives, aux projets que nous développons dans différents domaines. Ce mode de communication, qui ne constitue qu’un relai parmi d’autres, contribue à tisser une confiance et une solidarité entre les différentes fonctions. »

Ne soyons jamais à court de créativité, en matière de confiance : c’est notre avenir à tous ! !

Article RH info  L’avenir de la confiance

28.10.2012

Philippe Clerc Président d’ADP France

la confiance, élément incontournable